Tahar Cheriaa – À l’ombre du baobab (2014) propose un portrait sensible du fondateur des Journées cinématographiques de Carthage, un des grands festivals du continent créé à Tunis en 1966. Ce portrait prend corps à travers les prises de position et les paroles de Cheriaa, mais devient aussi bien le portrait choral d’une génération formée de compagnons et de pionniers du cinéma africains comme Ousmane Sembène, Tawfik Saleh, Atiat El-Abnoudi et bien d’autres, dont les films ont émergé au lendemain des indépendances. Le film rappelle les années de jeunesse de Cheriaa, son implication dans le ciné-club Louis Lumière à Sfax, qu’il animait avec ferveur, où les débats étaient pour les participant.e.s une initiation à la libre expression, ou encore sa fonction de fondateur de la Fédération tunisienne des ciné-clubs (FTCC) – suggérant le rôle déterminant de la culture des ciné-clubs pour sa formation cinéphile, intellectuelle et politique. A travers un montage qui alterne les documents d’archives, les entretiens et les témoignages, le film souligne les amitiés fécondes que Cheriaa a tissé avec les réalisatrices et les réalisateurs du continent, tout en soulignant le travail acharné accompli en commun, les difficultés et les combats menés pour l’existence du cinéma africain. Car il s’agit alors de créer les conditions pour une nouvelle circulation de films africains, d’occuper les écrans et de les décoloniser, de créer ces «écrans d’abondance» qui puissent servir un cinéma de libération. La nécessité est d’ouvrir des chemins qui relient le nord et le sud, le sud et le nord, d’élargir un même horizon panafricain, pour que des cinématographies africaines multiples et indépendantes puissent se déployer et prendre en charge leurs propres images. Tahar Cheriaa personnifie pour moi l’africanité de l’Afrique du Nord […] Aujourd’hui, je pense qu’il est important que les jeunes africains sachent qu’il y a une histoire – parce que l’histoire du cinéma africain nous donne un sens de continuité. Si on veut comprendre comment il est né, et bien, quand on rencontre Tahar, on comprend que le cinéma africain est né de la lutte. (Heile Gerima)
Séance
Biennale de Lubumbashi VII
Halle de l’Etoile
Mohamed Challouf est né en 1957 à Sousse (Tunisie). Après des études au lycée technique de sa ville natale, il se transfère à Pérouse en Italie où il fréquente l’Université Italienne pour étrangers. En 1983 avec l’aide d’un groupe d’amis il crée les Journées cinématographiques du cinéma africain de Pérouse, premier festival dédié au cinéma africain en Italie. En 2005, il fonde les Rencontres Cinématographiques de Hergla, une manifestation dédiée à la promotion du court métrage et du documentaire d’Afrique et de la Méditerranée, qui offre une occasion de rencontre et de dialogue entre le Nord et le Sud du Sahara et entre les deux rives de la Méditerranée. En 2000, il réalise et produit Ouaga, Capitale du Cinéma, un film qui préfigure par certains aspects son long-métrage documentaire Tahar Cheriaa – À l’ombre du baobab (2014)
Entretien
Un espace de passage
Conversation
Adnen Jdey