jamii ya sinema.club

Séance

24 novembre 2023, 18:00

C-A-L-M
Centre d’art La Meute
Parc du Loup 3
1018 Lausanne, CH


en présence de Joseph K. Kasau Wa Mambwe, Maria Iorio et Raphaël Cuomo

Gestes des dieux

Joseph K. Kasau Wa Mambwe

2021 · 10 min

Jamii ya sinema.club invite Joseph K. Kasau Wa Mambwe pour une séance sous forme de rencontre rythmée par une série de projections et de discussions. L’artiste introduira un travail en cours, développé avec le philosophe et curateur Kabila Kyowa Stéphane, présenté initialement dans le cadre de Quilombo, un projet tricontinental de recherches et d’expositions entre la RDC, le Brésil et la Suisse : Gestes des dieux propose une perspective critique sur le colonialisme vert en se mettant à l’écoute de récits de vie et de pratiques communautaires, qui deviennent un plaidoyer pour les résistances locales et les questions environnementales urgentes.

La présentation sera précédée de la projection du film 20 ans d’âge (Joseph K. Kasau Wa Mambwe, 2020, 9 min).

Geste des dieux (2021) est une installation qui combine son, vidéo, cartographie et écriture. À travers une série de conversations avec des artistes, activistes, chercheurs, chefs traditionnels, conservateurs, le projet met en dialogue et fait émerger de nouveaux récits sur les questions environnementales, qui proposent une perspective critique sur le colonialisme vert. La pièce sonore porte plusieurs voix africaines et occidentales animées par la volonté de s’opposer aux effets destructeurs du capitalisme qui ronge le monde et de raconter des pratiques communautaires et des histoires de résistance qui ouvrent de nouvelles réflexions sur les rapports à l’environnement et à l’écologie.

La question de l’occupation des terres prend une place prépondérante dans cette installation-conversation. Dans la vidéo (10min), les artistes abordent sur un mode poétique et métaphorique la terre comme espace, matière, idée : un espace où vivent des communautés aux savoirs indigènes très respectueux de l’environnement, mais qui sont chassées de leurs propres terres au nom de politiques globales de conservation de la nature. Jusqu’à présent, ces politiques ont principalement favorisé la mise en œuvre du système capitaliste par des multinationales occidentales, à travers l’exploitation touristique, minière, hydraulique, pétrolière et forestière — renforçant encore le pouvoir des dominants sur les dominés.

Gestes de dieux s’interroge sur les frontières et leurs tracées, sur la façon dont les pouvoirs sont partagés et les récits sont racontés. L’histoire de la cartographie ne peut éviter la question fondamentale des territoires. Comment ces lignes affectent-elles la réalité de la vie des communautés locales ? Quels conflits potentiels et réels ces lignes produisent-elles ? Les enjeux dépassent ici les seuls usages pratiques, mais incluent bien d’autres aspects, selon les contextes, sociétés, cultures : gestion du territoire, exploitation des ressources, déplacement des populations, géopolitique, etc.

Le village de Kalera est situé à environ mille mètres d’altitude. Le village se trouve entre deux parcs nationaux , Upemba et Kundelungu. Sur la rivière, un barrage hydroélectrique est en cours de construction. Les projets de construction d’industries de meunerie dans cette zone et la réunification de deux parcs nationaux menacent la population locale de déplacement et de dislocation. Les lignes sur les cartes changent. Le tracé de la ligne cartographique est un geste performatif de pouvoir, qui crée l’espace plus qu’il ne le représente. Ce tracé élabore un nouvel objet intellectuel qui n’est pas la simple addition des informations locales, des mesures et des références empiriques, mais produit de nouvelles significations, effets cognitifs et usages potentiels. Comment les cartes peuvent-elles entrer en dialogue avec les savoirs des communautés locales sur les pratiques ancestrales de conservation de la nature ?

20 ans d’âge

Joseph K. Kasau Wa Mambwe

2020 · 10 min

En RDC, le parcours de la formation classique, de la maternelle à l’obtention d’un diplôme d’enseignement supérieur, s’étend sur 20 ans minimum. 20 ans d’études, mais aussi d’incommensurables sacrifices, puisque la scolarité requiert un grand investissement. Le diplôme, en particulier universitaire, a longtemps été donné comme un attirail de réussite sociale. Son obtention comportait, à juste titre, l’assurance – aujourd’hui bien incertaine, hélas – d’obtenir un bon emploi et partant, une avancée sociale.

Comme le cinéaste, beaucoup parcourent ce tunnel, long de 20 ans, avec l’unique perspective de devenir un jour de «grands hommes». Cependant, à l’autre bout du tunnel, l’illusion devient fâcheusement perceptible. Le chemin débouche le plus souvent sur une absence totale d’opportunité, les titres universitaires n’accordant aucun privilège. L’emploi est une exception dont le chômage est la règle.

Critique sans concession, 20 ans d’âge (2020) prend la forme d’un récit autobiographique qui met en scène le dépit, l’aveu amer d’un sentiment de perte de ce qu’on n’a jamais eu, pour mieux confronter les faux semblants, les mensonges et l’hypocrisie qui cimentent une société qui se leurre avec de fausses promesses de futur. Au-delà d’exprimer les souffles de désillusion du cinéaste, 20 ans d’âge dépeint les maux de la société congolaise.

24 novembre 2023, 18:00

C-A-L-M
Centre d’art La Meute
Parc du Loup 3
1018 Lausanne, CH


en présence de Joseph K. Kasau Wa Mambwe, Maria Iorio et Raphaël Cuomo

Joseph K. Kasau Wa Mambwe est un artiste visuel, cinéaste et auteur basé à Lubumbashi (RDCongo). Licencié en Sciences de l’information et de la Communication à l’Université de Lubumbashi, il a une spécialisation en Arts du Spectacle (audiovisuel, cinéma et théâtre). Sa pratique artistique se situe à l’intersection du cinéma, de l’art vidéo, de l’écriture. Il aborde dans son travail la complexité de la mémoire et de l’identité dans le contexte urbain postcolonial. Ses productions sont attentives aux interactions sociales, soulignant les rapports de force et proposant des alternatives de changement et de rassemblement. Il est membre du Group 50:50, un collectif d’artistes congolais, allemands et suisses, qui développent une forme de théâtre musical postdocumentaire. En 2020, il a cofondé le collectif Nidjekonnexion à Lubumbashi.

Kabila Kyowa Stéphane est un curateur et chercheur basé entre Lubumbashi (RDC) et Hambourg (D). Il fait partie de l’équipe de coordination des expositions du Livingstone office for Contemporary Art in Livingstone (LoCA) en Zambie. Il est membre du groupe de travail, basé à Lubumbashi, Another Roadmap of Arts Education Africa Cluster, un réseau de chercheurs et de praticiens qui étudient collectivement l’histoire, les politiques et les pratiques alternatives possibles dans le domaine de l’éducation artistique. Il collabore avec le Centre d’art Waza dans le cadre de projets impliquant des présentations de formats éditoriaux et d’expositions, de conférences et d’écrits critiques. Il est titulaire d’un diplôme de deuxième cycle en philosophie de l’université de Lubumbashi et d’un MA en pratique curatoriale à la Faculty of Fine Art, Music and Design de l’université de Bergen (KMD) en Norvège.

Écran public

les vendeuses d’oranges

Cindy Bannani
2020 · 27 min