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Séance

24 mai 2024, 16:00

Lichtspiel/Kinemathek Bern
Sandrainstrasse 3
3007 Bern, CH


voci del cinema (amatoriale) femminista

programme de films Super 8 d’Annabella Miscuglio et de Dacia Maraini
proposé par Annamaria Licciardello

Avec l’effervescence de la deuxième vague du féminisme en Italie, les femmes ont trouvé dans les caméras amateures les moyens de réaliser leurs désirs de faire du cinéma, qui a pris des formes militantes, mais aussi plus personnelles. Les films Super 8 de Dacia Maraini et Annabella Miscuglio, qui composent ce programme à deux voix, explorent la liberté de produire soi-même ses propres images et l’intimité physique rendue possible par cette autonomie.

Les films proviennent de l’archive du CSC-Cineteca Nazionale, qui a pris soin de la digitalisation des pellicules Super 8.



Ritratti (Rony – Paola – Anna’s Textures)

Annabella Miscuglio

1973 - 1976 · 12 min

RONY
1973-1976 · 4min

PAOLA
1973-1976 · 4min

ANNA’S TEXTURES
1973-1976 · 4min

Annabella Miscuglio a dédié trois courts portraits à ses amies Rony Daopoulo, Paola De Martiis et Anna Carini avec lesquelles elle a créé un collectif vidéo actif entre la fin des années 1970 et le début des années 1980 (avec Maria Grazia Belmonti). Ici, la recherche visuelle, l’intimité entre le sujet filmé et le sujet filmant, la liberté de l’acte même de filmer font écho à la leçon du cinéma underground tant aimé et soutenu par Annabella Miscuglio lorsqu’elle animait le ciné-club Filmstudio 70 à Rome. Les films sont formellement très divers, soulignant non seulement les différences entre les trois femmes, mais aussi la singularité des relations entre l’autrice et ses amies.

Puzzle Therapy

Annabella Miscuglio

1973 - 1976 · 12 min

Le cinéma comme thérapie, un mode permettant de rassembler et faire tenir ensemble des fragments, des lambeaux de vie vécue, des êtres chers, des objets, dans un montage affectif et secret.

Mio padre amore mio

Dacia Maraini

1976 - 1979 · 23 min

Fede, la protagoniste du film, est actrice de théâtre. Alors qu’elle se maquille en clown pour une représentation, elle repense à sa relation avec son père, faite de tendresse, de désir et de haine. Dans le miroir, une série d’images refont surface: les séductions du bel homme qu’elle a aimé dans son enfance, les tentatives répétées de le tuer sans jamais y parvenir, les amours avec un garçon qui s’avère être la copie conforme de son père lorsqu’il était jeune, les jalousies, les peurs, les déchirements que cet amour a provoqués en elle. Thème récurrent dans la production littéraire de Dacia, fille de l’anthropologue et écrivain Fosco Maraini, la relation avec le père est ici élaborée mais aussi dépassée à travers la figure de l’actrice et du théâtre. Le film se termine en effet par un fragment d’une représentation du théâtre La Maddalena, le premier théâtre féministe d’Italie, fondé en 1973 à Rome par Maraini et d’autres protagonistes, comme espace spécifique d’intervention culturelle et politique.

Trio

Dacia Maraini

1981 · 24 min

La gaieté, l’insouciance des journées passées à la plage, des déjeuners sur la terrasse, des après-midi paresseux ponctuent ce petit «film de vacances» qui, peu à peu, révèle et construit l’intimité joueuse et sensuelle de la relation qui lie les protagonistes et en même temps réalisatrices. La relation entre femmes, qu’elle soit amicale ou érotique, est absente du cinéma féministe des années 1970 en Italie, tandis que la dimension collective et politique y occupe une plus grande place. Ici, le plaisir d’être ensemble et du partage, l’affectivité entre femmes, créée par la lutte féministe, devient centrale.

24 mai 2024, 16:00

Lichtspiel/Kinemathek Bern
Sandrainstrasse 3
3007 Bern, CH


Dacia Maraini est née à Fiesole en 1936. Elle est la fille de l’écrivain et anthropologue Fosco Maraini et de la peintre et galeriste palermitaine Topazia Alliata, descendante d’une noble famille sicilienne. Dacia passe son enfance au Japon où, entre 1943 et 1946, elle est internée avec sa famille dans le camp de concentration japonais de Nagoyo. De retour en Italie, après une période à Bagheria, en Sicile, elle s’installe à Rome, où elle vit encore aujourd’hui. Autrice aux multiples facettes, elle a fait ses débuts avec le roman La vacanza (1962) et est à ce jour l’une des écrivaines italiennes contemporaines les plus populaires et les plus traduites. Au cours de sa longue carrière, elle a publié des dizaines de romans, mais s’est également consacrée à des essais, à la poésie et au théâtre comme dramaturge et metteuse en scène.

Annabella Miscuglio est née à Lecce en 1939. Elle s’installe à Rome au début des années 1960 avec son mari, dont elle se séparera bientôt, et leur fils. Elle y fonde en 1967, avec Americo Sbardella et Paolo Castaldini, le premier ciné-club italien, Filmstudio70, qui devient le temple de la cinéphilie de la capitale. Miscuglio s’occupe de la programmation mais aussi de la distribution de films expérimentaux, puis militants. Au début des années 1970, elle entame son militantisme féministe et sa carrière de cinéaste. À côté de films plus documentaire et politiques réalisés par des collectifs rassemblant d’autres femmes, elle se consacre à une pratique plus personnelle en Super8. Des années 1980 jusqu’à sa mort en 2003, elle réalise de nombreux documentaires et programmes télévisés, principalement sur des questions sociales et sur la condition des femmes en Italie.

Annamaria Licciardello est une historienne du cinéma et archiviste spécialisée dans le cinéma expérimental et militant italien des années 1960-70. Elle a écrit une monographie sur le cinéma d’Alberto Grifi (Il cinema laboratorio di Alberto Grifi, 2017) et édité un livre sur Paolo Gioli (Paolo Gioli. Un cinema dell’impronta, 2009) et sur Flatform (Flatform. Films and works 2008-2019, 2019), ainsi que des essais publiés dans divers livres et publications. Comme curatrice, elle a constitué de nombreux programmes de films et collaboré avec plusieurs festivals et institutions, notamment le Filmmuseum Vienna, où elle a présenté en 2022 La lotta non è ancora finita, une grande rétrospective dédiée au cinéma féministe en Italie. Depuis 2007, elle travaille à la CSC-Cineteca Nazionale à Rome.

Écran public

les vendeuses d’oranges

Cindy Bannani
2020 · 27 min