« Venez ! Réjouissons-nous de ces pas de braka, de notre danse des Jecoke. Le Congo nous appartient, à nous les Congolais. Il n’y a point un autre pays qui soit tel que le nôtre… » Le film débute sur la séquence de cet hymne au pays et à la vie qu’on y mène. À l’image, une dizaine d’artistes, des hommes pour la plupart, des femmes et des enfants : c’est le nouveau visage des Jecoke. Groupe de spectacle populaire fondé dans les années cinquante à la solde de la Gécamines, aujourd’hui ensemble artistique indépendant appelé à exister par lui-même et pour la communauté locale. L’acronyme Jecoke a d’abord désigné les jeunes comiques du Katanga à Élisabethville, avant de prendre d’autres variations. Initialement, inspiré par le chant des travailleurs et la musique d’Afrique australe, le groupe d’acteurs se transforme rapidement en formation musicale. Son esthétique et son ancrage social se sont forgés à la faveur de la prospérité du géant minier. Les Jecoke avaient vocation de procurer du loisir, de la joie et du divertissement aux mineurs après leur dur labeur. Leur musique qui s’inspire du swing des années 1930 a été fortement influencée par les rythmes du Congo et du sud et de l’est de l’Afrique. Les danseurs s’adonnent à l’une des nombreuses variantes du kalinchelincheli, dans laquelle le jeu de jambes joue un rôle délicat et important. Leurs danses et musiques exhalent les joies et les peines de la vie au Katanga d’alors. Chronique d’une résilience et de l’effort de transmission d’un legs, le film retrace les survivances et la réinvention de cette culture plus de 70 ans après ses débuts, loin de l’aura de la Gécamines et du contexte qui l’a porté. Les performances des Jecoke brûlent pourtant de la même radiance et de la même énergie quand il prolonge leur fin de concert en fête et en consolation.
Jecoke
2017 · 26 min
David Douglas Masamanua Ntimasiemi est né en 1977 à Lubumbashi (RDC), ville dans laquelle il vit et travaille principalement. Titulaire d’une licence en sciences économiques, il a en parallèle suivi des formations dans le domaine de l’image, du son, du multimédia et du cinéma. Il a notamment bénéficié d’une formation à l’Académie Royale d’été en technique d’image et de son en Belgique, un stage en formation de cinéma documentaire à la Fémis en France, une formation en écriture de scénario organisé par le Cifap à Kinshasa ainsi qu’un stage audiovisuel dans la structure franco-haïtienne Collectif 2004 Images en France. Son expérience professionnelle comprend différents domaines: réalisation, production cinématographique, consultance en communication visuelle, organisation de formation et supervision de production. Il compte à ce jour de nombreux films réalisés ou co-réalisés, notamment Kinshasa Mboka Té (2013) et Jekoke (2017).
El Magambo Bin Ali Gulda Ghislain, dit Gulda El Magambo, est né en 1969 à Lubumbashi (RDC), ville dans laquelle il vit et travaille principalement. Photographe et vidéaste, il fait ses premiers pas dans le monde de la culture à travers le théâtre scolaire. Artiste pluridisciplinaire, son engagement pour les arts visuels l’a ouvert également à l’écriture dramaturgique et au scénario de bande dessinée. Lauréat (avec Sammy Baloji) du Prix de la Fondation Blanchère aux Rencontres de Bamako (2007), Gulda El Magambo a parfait son art à force de pratique, d’ouverture, de collaborations et de stages variés à travers le monde. Sa création est principalement consacrée à l’expression des problématiques sociales et à la sauvegarde du patrimoine ethnographique de son pays. Ses photographies sur la statuaire et les devins Sanga ont fait l’objet d’une riche exposition à travers le monde en 2005. Gulda El Magambo est auteur de nombreux film notamment Jecoke (2007) et Boxeur aux gants rouges (2007).