« Malaya » nomme explicitement le nom injurieux qui désigne une jeune femme qui se prostitue, une réalité pour de nombreuses jeunes femmes faisant face à l’extrême précarité matérielle en République Démocratique du Congo. La cinéaste réfère à une croyance africaine qui voit l’une des grandes violences de la prostitution dans l’impossibilité pour une jeune femme de se libérer de l’envoutement des hommes qui l’ont possédée. Car ce jeune corps frêle, que la caméra dévoile lentement en commençant par la pointe de ses pieds chaussés de hauts talons étincelants, paraît livré aux spectateurs qui seraient tentés de la scruter de façon impudique. Pourtant son regard déterminé surprend, interpelle et défie les voyeurs, retournant leur regard de façon médusante. Le visage disparaît sous le fard, deviens un masque impassible, et cette mascarade excessive fait basculer Malaya (2010) dans un autre registre. L’aspect carnavalesque et incongru de la situation se révèle encore quand la protagoniste échange un dernier coup d’œil interrogateur, complice et sororal, avec la cinéaste derrière la caméra, dans un espace qu’on devine domestique, familier. Cette vidéo brève et fulgurante se joue des représentations sociales aussi bien que de la perception, en mettant en scène le regard lui-même.
Malaya
Carole Maloba2010 · 1 min