Dans une pièce éclairée à la lueur des bougies, Bénédicte Shutsha écoute religieusement le tube Zéro composé et interprété par Papa Wemba, le roi de la sape, alias Kuru-Yaka, alias le grand Maya, alias Mzee. Ses yeux s’humectent de larmes. L’icône de la pop-musique africaine, son idole, est mort. Bénédicte repense à ses quinze années passées en tant que danseuse au sein du groupe Viva la Musica de l’illustre disparu – qui était aussi son employeur. Ses pensées dérivent maintenant vers ses craintes d’avenir et spécifiquement sa calamiteuse situation financière. Le lendemain, Bénédicte se rend sur un plateau de télévision, où elle parle de son expérience aux côtés de celui que le journaliste appelle « Le maître d’école » et qu’elle appelle affectueusement « Papa ». Elle profite de ce passage pour annoncer son projet de reprendre le tube Zéro. Pour aboutir son périlleux projet, dont l’objectif est à la fois de rendre hommage à Papa Wemba et de lancer sa propre carrière de chanteuse, Bénédicte se fait accompagner de Moli, un coach vocal de renom, et de Tosha, le chef d’orchestre de Viva la Musica.
« Comment faire un film sur une danseuse de Papa Wemba […] sans que ce dernier ne lui vole la vedette? » (notes du réalisateur). En célébrant le courage et la détermination d’une jeune femme à devenir une artiste à part entière, en lutte pour son indépendance malgré toutes les difficultés, Zéro (2018) opère un déplacement subtil qui consiste à mettre en lumière une protagoniste restée dans l’ombre du succès et de la gloire.