Cette séance revient sur l’émergence du cinéma de la RDC (ex-Zaïre) sur la scène internationale, avec une projection du rare court-métrage Moseka (1971) de Roger Kwami Mambu Zinga, distingué en 1972 par le premier prix du court-métrage lors de la troisième édition du FESPACO à Ouagadougou.
Un avion atterrit. Moseka, très élégante, descend les escaliers pour arriver sur le tarmac de l’aéroport. Une nouvelle vie s’annonce pour elle en Belgique. Accompagnée par son cousin, elle est introduite dans sa nouvelle demeure, où résident d’autres étudiant.e.s africain.e.s. Ses camarades font des allusions sur la nourriture qu’elle a emportée du pays, sur son mode vestimentaire. Quand Moseka feuillent les magazines, observe les affiches sur les murs dans la rue, le film est saisi par le rythme des percussions africaines. Devant le miroir de sa chambre, Moseka détresse ses cheveux. On comprend bientôt qu’elle a vendu le masque protecteur que son grand père lui a confié, pour acheter des vêtements à la mode. Elle change de prénom, danse au son du twist. La relation est rompue avec son cousin qui, désorienté, se perd, dans les rues commerçantes désertes de la métropole, éclairées par la lumière aveuglante des vitrines des magasins. Le film met ainsi en évidence les conflits et les négociations d’une nouvelle génération avec les cultures et les identités en transformation dans un monde façonné par les mobilités globales.
Mon frère aux dents qui brillent sous le compliment hypocrite
Mon frère aux lunettes d’or
Sur tes yeux rendus bleus par la parole du Maître
Mon pauvre frère au smoking à revers de soie
Piaillant et susurrant et plastronnant dans les salons de la condescendance
Tu nous fais pitié
Le soleil de ton pays n’est plus qu’une ombre
Sur ton front serein de civilisé
Et la case de ta grand-mère
Fait rougir un visage blanchi par les années d’humiliation et de Mea Culpa
Mais lorsque repu de mots sonores et vides
Comme la caisse qui surmonte tes épaules
Tu fouleras la terre amère et rouge d’Afrique
Ces mots angoissés rythmeront alors ta marche inquiète
Je me sens seul si seul ici !
David Diop, « Le renégat » in Coups de Pilon, 1973, Présence africaine