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Film

Mugabo

Amelia Umuhire
2017 · 7 min

Mugabo (2017) est un court-métrage expérimental qui relate le retour au pays d’une jeune femme, un pays chargé de mémoires. Le film s’ouvre sur une citation de la poète et rappeuse Babiche Papaya : « On n’est pas foutu / On s’est juste fait baisé / Il y a pas mal de temps ». Ce texte donne la couleur du film, introduit une tension qui demeure vive entre le présent et la violence du passé. Mugabo suggère avec pudeur les évènements survenus lors du génocide au Rwanda dans les années 1990. Le film résulte d’une écriture délicate, faite de silences et de musicalités, pour aborder les aspects traumatiques d’une histoire vécue à distance, mais dont les strates se sont déposées et ont profondément marqué la mémoire de la jeune protagoniste du film. Le regard d’une jeune femme nous invite à parcourir une ville en mouvement. « De quoi te souviens-tu ? / De peu de choses. » Les images défilent sous nos yeux comme s’il s’agissait de rêves étranges. Des images anciennes se superposent au paysage urbain. Les archives que le film convoque présentent des visages de jeunes gens, des noms apparaissent aussi, des marques d’identité ethnique assignées par l’état dans un vieux passeport. Comment raconter une histoire sans convoquer le trauma à haute voix ? Comment le passé vit-il dans le présent de manière belle et terrible à la fois ? Dans le crépuscule et les volutes de fumée, une discussion hallucinée entre deux amis délire sur un animal ancestral qui change de peau au fil du temps, incite à renverser les perspectives et, dit-on, apporte le bonheur.

Amelia Umuhire est une cinéaste rwando-allemande basée à Berlin, née à Kigali en 1991. Elle a réalisé en 2015 la web série Polyglot qui a reçu plusieurs récompenses. Son travail a été montré notamment au MOCA Los Angeles, au MCA Chicago, au Tribeca Film Festival, au Smithsonian African American Film Festival et à l’International Film Festival Rotterdam. Alliant vidéo et travail radiophonique, ses recherches portent sur la précarité collective et la violence politique et explorent les relations existant entre les récits personnels, les politiques nationales et la culture contemporaine dans un contexte pan-africain.

Écran public

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