Awa (2019) est un film de 26 minutes écrit et réalisé par Déborah Basa, produit par Tshoper Kabambi. À seulement 12 ans, Divine aide sa mère à vendre des omelettes dans un marché nocturne de Kinshasa. Ce soir-là, elles tentent de trouver de quoi payer les frais scolaires pour permettre à Divine d’entrer en classe le lendemain. Comme toutes les nuits, les deux femmes doivent faire face aux exigences des clients et à l’ambiance suspecte de la nuit.
La fiction sert ici de trame pour explorer l’effervescence d’un marché comme microcosme, sur la place des Artistes à Victoire, pour saisir des situations de vie brutes. La réalisatrice tire subtilement parti de l’atmosphère particulière de la nuit, de ses lumières artificielles vibrantes et de ses sons assourdis. Mais c’est à travers le regard de Divine que les événements se déploient, perçus à la hauteur de son corps d’enfant. Divine devient à la fois l’observatrice et la protagoniste d’une situation sociale injuste. La ritournelle entendue tout au long du film, qui rappelle un slogan présidentiel décrété en 2019 pour la gratuité de l’enseignement de base dans toutes les écoles – « le peuple d’abord » – est brutalement confrontée au réel. Le film se fait témoignage d’une époque, de sa brutalité et de sa violence, mais aussi des luttes quotidiennes qui deviennent sensibles à travers un prisme singulièrement féminin.